jeudi 5 juillet 2012

Ivangorod et compagnie




Les troncs de bois s'accumulent le long de la voie, de la forêt encore et encore. Roulis des wagonnets, sifflets, grincements métalliques, nos corps un peu assoupis d'une nuit fort raccourcie cahotent sur la moleskine. Je suis des yeux les lignes électriques, ce sillon qui nous mène vers cet autre voyage que nous augurons aujourd'hui. Un peu moins de temps dans les jours à venir, perchés sur nos bicyclettes ; elles nous suivront, impassibles cependant et se targueront peut-être tout de même de quelques citadines déambulations le long des avenues de Saint-Pétersbourg et de Moscou.
Ivangorod, première escale russe, montée d'une horde costumée, contrôle, papiers et chiens renifleurs(pas même effrayés du parfum redoutable de nos souliers aux kilomètres échaudés), et Bartimée imperturbable les fesses en l'air sur son fauteuil endormi
Nous voilà admis sur ce territoire si vaste, soulagés et impatients d'aborder la vieille et pimpante Leningrad au coeur de l'après-midi. Chacun bricole sur son cahier, taquinant de la plume ou de la gorge quelque hiéroglyphe cyrillique.
J'écris dans ce train qui nous tire, réalisant à peine ce qui pour moi se voulait, il y a peu encore, gorgé d'irréalité.
Nous sommes, oui, bel et bien en Russie, le ciel est bleu, les paysages défilent, quelconques, anodins et pourtant déjà pointe l'excitation d'une aventure nouvelle.