dimanche 25 novembre 2012

Comme dans un rêve ! J'ai eu 9 ans

Trompe-l'oeil

En vla, d'l'élé, en vla !

Ko Chang

Migration exotique


Pour papa parti tenir la main de Papy

 

Chek Bae, Ko Chang, 1O novembre 2012

 

Sur l’herbe devant le bateau de bois posé, les garçons courent après un ballon. Anna réfléchit à un petit texte sur ce lieu assez  extraordinaire.

Claire, pensive, chatouille un de ses orteils et pense aussi  au portrait qu’elle doit écrire. Le grand bleu souffle sa mélodie discrète, couvrant le sifflement aigu des cigales, pareil à celui de Tikal.. Les moustiques tentent de nous approcher, contrariés dans leur dessein par les spirales qui se consument.  Nos peaux se sont rosées,  un rose effleurant les teintes de l’écrevisse.

La nuit tombe doucement, heure d’hiver. Un hiver au 35 degrés,, chauffant les eaux immensément. Bain de jour ou nocturne au pied de la mangrove, les sommets de l’ile se dessinent  face à nous. Nous sommes seuls, tous les cinq en ce crépuscule. Toits de paillotte, feuilles de cocotier en ombres chinoises, les enfants finiront-ils par perdre le ballon ?

Les canoës sont renversés, le bateau sommeille sur le clapotis du soir.

Je connais un homme qui ne pourrait retenir ces quelques mots : « on ne pourrait rêver mieux »

Les éclairs de chaleur illuminent sporadiquement les cieux obscurs, tandis que dans le vent se cognent, cristallines, quelques guirlandes de coquillage..

Instant insulaire

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Tu nous manques déjà. Comme quoi, quand on est loin ; on se manque et on aimerait bien se revoir. Mais finalement, quand on est ensemble, on se (j’exagère un peu) râle souvent dessus.

Comment vas-tu ; tu ne t’ennuies pas trop ? Tu as réussi à parler avec Papy dans son état conscient ?

Je n’ai pas trop de choses à te dire ; étant donné qu’on ne t’a pas vu depuis seulement 4 jours ; si ce n’est que je t’envie d’être en France. D’un autre côté, j’aurais bien aimé que tu sois là avec nous, profitant de cet endroit extraordinaire (notamment parce que je sais que malgré le plaisir que ta venue à Grignan apporte à tout le monde, surtout Mamy ; la vie, même pour toi, est un peu dure en ce moment là-bas)…

Ici, on s’éclate. Il fait bon ; sans dire chaud, bouillant ; mais heureusement la mer (tiède) est là et après, hop, une bonne douche froide (bon d’accord, froide-tiède) : rien de mieux pour se rafraîchir radicalement. Le restaurant est un bateau, il y a plein de palmiers. Ce matin, on est allé sur une petite île pour observer des poissons, avec tubas et swimming masks. Je n’en ai pas vu tellement mais l’eau était d’un clair (comme sur les photos « séjour à gagner pour le Pacifique / îles Caraïbes, quoi). Les gens qui tiennent (une française, Eugénie, et son mari Thaï, Chaleaf alias Leaf ; et leur fille Maya alias « Minou » qui danse comme dans Happy feet) le « camping » sont super sympas. Leaf cuisine comme un (sergent) chef (je suis dans l’extase rien que de t’en parler), il est marrant et adore danser dans sa cuisine. Bon par contre, il y a eu 2 petits incidents avant-hier : «sergent-chef» voulait faire un gros feu ; il a mis de l’essence pour être sûr que ça brûle bien = ben, pour sûr que ça a brulé, ça a même un peu explosé. Sa barbe y est passée, elle a été « barbecueté ». Peu de temps après, Eugénie a marché dans la bouteille d’essence flambée par terre : ouïe, ouïe, elle est partie pour le centre de soins. Elle ne pouvait plus marcher ; donc elle rampait, comme moi avec les palmes ce matin, pour se déplacer… Bref, tout ça n’est qu’une grande parenthèse, peu de chose importantes pour toi…

Have a great stay at your home.

Big hug et Beso Grande à tout le monde.

JACOB .

 

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Papa, tu peux venir ? Je t’aime trop. Est-ce que tu peux ramener un livre français pour moi de Mamie ? T’es trop gentil parce que tu achètes des choses bonnes. Ici je me baigne et l’eau est bonne. Je dors dans une petite maison en bois. Aujourd’hui on a pris un bateau pour aller dans l’eau bleue. Je me suis servi d’un gilet pour faire une moto qui roule dans l’eau.

Gros bisous papa et moi je t’aime.

Bartimée

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Mon Papa adoré avec une majuscule,

Ce serait bien si t’étais là à jouer avec nous dans l’eau tiède de notre petite plage abritée de ces touristes qui viennent tout envahir, et sur la pelouse verte coupée au ras du sol qui entoure six petits bungalows et une petite cuisine.

Cachée derrière un petit arbre qui se baigne à longueur de journée, se trouve une barque qui nous a emmenés sur un banc de sable afin d’y voir du corail. Nous étions équipés de gilets de sauvetages, de masques et de tubas de plongée, ce qui nous a permis de nager durant bien deux heures. D’ailleurs, sur les quatre-vingt-seize heures que nous passons sur l’île, nous avons dû faire trempette un peu moins des trois quarts des jours. Moi, le reste du temps, je lisais le même livre, « ensemble, c’est tout », dans les hamacs, sur notre grand lit ou sur le bateau. Celui-ci est abrité sous un toit de tiges sèches, et il sert de restaurant pour toute personne de visite qui est affamée. Le sol est recouvert de tapis de paille, et de coussins posés à même le sol. Des coquillages de toutes formes pendus par des fils, s’agrippent à tout bout de bois passant sous leurs crochets. Je ne saurais plus te les décrire, mais je suis sûre que dans ta tête il y ressemble déjà ou il est encore plus merveilleux.

Un peu plus reculés dans cette forêt de cocotiers, sont éparpillés plusieurs hamacs, fauteuils et tables de bois. Ah si seulement seraient installés des coins comme celui-ci dans les écoles, les parcs et notre jardin même. Ce serait le paradis, comme tu dis «  on ne peut pas rêver mieux ». Seul inconvénient : il ne faut pas se promener au-dessous des palmiers, au cas où une noix de coco te tomberait sur la tête, disait Maman. Mais ceux-ci limitent l’espace de jeux, vus le nombre de palmiers. Il faudrait vraiment que tu t’imagines !

Enfin bref, tu me manques beaucoup même si je n’ai pas trop le temps de penser à toi, dans cet endroit calme et perdu au fin fond de l’île. Je n’arrive pas à me convaincre que tu n’auras pas même posé un pied sur le paradis humain (terrestre).

                            Raaaah non, ce n’est pas possible. Les photos ne suffisent pas pour ressentir mon bonheur ! Ca suffit Anna ! Regarde ce que tu fais ! Tu lui fais tellement envie qu’il va vouloir se jeter dans un avion pour nous rejoindre tout de suite ! Ne recommence plus jamais ça !                

                            Bon, je te laisse parce que moi, il y a le plat de frites poulets qui arrive.

Plein de gros bisous et câlins pour toi, Papi, Mamie et toute la troupe qui veille tellement bien sur Papi.

 

Anna qui t’aime comme si elle était ta maman.

 

Coucou,

Le papa qui me manque,

Je suis sur une ile de rêve : l’eau est presque transparente.

On se loge dans un petit bungalow, à quatre-vingts  mètres  de la mer.

Le matin on mange du délicieux  muesli (il est fait par le grand cuistot de la où on dort)

Cet après-midi on est allé en bateau a une plage ou le sable était couleur neige !!!

Tu me manques (en fait c’est le plaisir de pouvoir  te faire des bisous et câlins) vraiment passionnément à la folie beaucoup tellement (excuse-moi mais c’est parce que le dico de l’ordi n’accepte pas « vraiment vraiment vraiment » parce qu’il y a répétition, alors j’ai changé la phrase et j’ai augmenté la grande immensité mon Papa plus qu’adoré)    

Ce serait trop bien si t’étais là.

Bisous et câlins imaginaires

Claire  

 

Notes de Chine du sud (extraits)


Sanjiang : escale étrange. Ville de transit qui se cherche. Une image à la Chongqing, version 1997. Petite vile grise, laborieuse, industrieuse. Ici aux portes du pays dong, on tente de dresser l’étendard culturel, retenir le passant, ne point le faire fuir, tout au moins. On a construit des hôtels stylés à l’ancienne, sur les berges du fleuve, vue sur la rive d’en face, un peu tristoune. Masures insalubres les pieds dans l’eau. Affleurent les bars pourtant, un semblant d’âme branchée .Un quartier pour flamber neuf à deux pas d’une vieille grande tour du tambour. Des bâtisses « néo-dong » et de longues bandes de posters promotionnels tentent d’attirer le touriste.

Le pont des vents et de la pluie a fait peau neuve lui aussi. Les boutiques s’inaugurent sous une horde de pétards.

Sur les eaux brunes, des barges rouillées aspirent de l’argile, crachent des jets d’écume. Quelques rafiots malingres usinent,  croisent quelques freluquets sampans.

Un pont grisâtre relie les deux parties de la ville sans charme. La peinture fraiche des rambardes tue les narines. Les klaxons s’agitent. Sur une placette, des hommes, les billets coincés entre les doigts s’affairent aux paris. En Chine, on joue, misant sur victoires aux cartes ou au Mah-jong. Accroupis, veste bleue synthétique et casquette kaki enfoncée sur l’oreille, esquisse d’une ambiance de jeu 90 % masculine.

 

Ici, percevons à nouveau le décalage. Loin la capitale ou les villes côtières, toutes frétillantes. Les tenues Mao et ses icones subsistent. Son buste rutilant hante même l’entrée de notre hôtel. La modernité se cherche tel un mode en devenir, capricieux toujours. La centaine de milliers d’habitants approche mais nul distributeur ne permet encore aux étrangers de retirer des devises à insuffler dans l’économie locale. Echoués dans une chambre lumineuse, passons une journée au chaud à attendre qu’Henri file à 200kms récupérer des deniers pour la suite du voyage. Travellers chèques et cartes bancaire européennes n’ont pas suivi l’essor encore balbutiant !.Tout comme l’anglais, langue bien mystérieuse en cette province.

 

Zhaoxing

Fin des cahots sur route caillouteuse. Au détour d’une dernière courbe, plongeons sur les toitures d’une bourgade aux allures qui nous conquièrent. Belle pause en vue.

Prenons ancrage dans chambrette,  sur un canal. De ma fenêtre, je regarde. Les femmes battent le tissu, après trempage dans un bain turquoise pour le moins pestilentiel, mélange de plantes et…Lés de tissus pendent le long des façades tournant vers un élégant moiré violine. Pourtant nulle part, ne verrai les femmes arborer ces somptueuses étoffes scintillantes. Parure de fête, peut-être ?

Nuits tranquilles. Au matin, chacun y va de sa besogne : retourner ou peigner les grains de riz étendus sur une natte devant le seuil des maisons, trier les piments, tisser un panier, descendre au canal piocher des galets, laver et coiffer ses cheveux, plumer sa première poule du jour, bourrer sa pipe ou carboniser la panse d’un rat à rôtir.

Le long de la grande rue de terre battue, les vieilles femmes descendues de leurs hameaux stationnent, choux, céleris et balance à leurs pieds. Sous les tours des tambours répartis aux quatre coins du bourg, les enfants jouent ; Panier de basket rouillés ou ballons, écolières en uniformes ; Les femmes dong portent une veste molletonnée, aux couleurs éteintes,  fermeture latérale croisée.

Il est doux de poser ses yeux sur l’enfilade de façades encore intactes. Logis de bois, flanqués de grappes de riz ou de piments  à sécher. Un lieu à l’âme dense, mais pour combien de temps encore. Si les hommes ne sont au champ, ils poussent leurs brouettes chargées de caillasses, remodelant le visage du bourg. A quelques kilomètres, viaducs et autoroutes dressent leur ombre effrayante. Un désenclavement qui d’ici quelques mois déversera un flot de touristes. Un essor qui risque de se payer cher. Géraniums ou fleurs d’agrément remplaceront-ils tissus et tiges de riz aux fenêtres ?

Le canal se transformera-t-il en rue pavée noire d’une foule curieuse ? Nous baladons, nous empruntons une voie au sud. L’averse nous surprend. Trouvons abri sous la tente de travailleurs. Echangeons avec eux en attendant qu’orage passe. Certains dorment sous cet abri de plastique communautaire depuis 8 ans. En 2013, le chantier prendra fin et l’asphalte tout neuf reliera ce fond de vallée au réseau routier chinois chaque jour plus tentaculaire.

Perchés dans les montagnes à deux lieues à peine, d’autres villages Jilun, Jinjiang s’animent à la tombée du jour. Retour des champs. Les femmes (toujours les femmes !) redescendent des pâtures leurs troupeaux. Sur leurs dos aussi, les fagots de foin ou de paille. Les vaches s’enfilent dans les ruelles retrouvant pension nocturne sous les pilotis des maisons perchées. Insolite, le passage de mini-camions à haut-parleurs annonçant la vente de bananes ou autres vivres et rompant agressivement la torpeur du crépuscule.

Tout là-haut !

Les jours défilent sans que retard ne s'absorbe. Alors à défaut de longs récits, recevez ces notes et si le temps se dilate, alors peut-être... en saurez vous plus un jour :

Saut de bus. Nuages menaçants. Pied de muraille. Les trompes se déversent. Déjeunons. Attente. Patience en vaut la peine. Huang Hua sheng. Partout écrit « interdiction de gravir cette portion. Nous rencontrerons quelques autres brebis tapant de la semelle ces centaines de marches hautes perchées. La muraille. Le soleil l’étreint. Un cordeau alambiqué aux  dalles parfois de guingois. Monter : un peu de tension. Descendre : si j’avais su !!! Vertige, vertige !

Les enfants réalisent ce qu’ils vivent à l’instant même. Et Anna de dire : » j’y crois à peine. Je marche sur ce grand mur. On en parlait mais c’était comme si on n’y arriverait jamais et puis avec mes pédales et des morceaux de train, ça y est. »

Beau moment d’émotion que ce chouette temps familial partagé ! Et tout autour de ces cinq bougies soufflées !





 

samedi 17 novembre 2012

vendredi 16 novembre 2012

lundi 12 novembre 2012

Le long de la rivière Li - province du Guangxi

Pékin


Sept semaines chinoises

Les brouillons se sont un peu mêlés, des bribes de textes de ci, de là, laissés en suspens. Avons franchi la frontière basculant soudainement ans l'exotisme. Quelques mises àjour nécessaires. En attendant que le fil du récit prenne forme, recevez ces images, libres enfin de censure et puissiez vous voyager un peu avec nous.