dimanche 24 février 2013

Gokarna ou l’autre monde en mal d’hippie-cité


 

Kudle beach

Il est une heure, deux heures peut-être puis quatre, cinq, qu importe, le décor n’a pas bougé ; Assise à une table sous une paillotte, j’ausculte la rumeur du monde: Gokarna, fief de hippies en mal d’une époque révolue. Le sable est blanc, ses habitants le sont aussi ; Sur les doigts de ma main, je pourrai dénombrer les visages indigènes.

Ennui. Que faire ici , Les flots sont paisibles, les montagnes autour jolies, l’eau à température idéale. Marseille ou Port-en-Bessin serait peut-être du pareil au même. Un vieux routard enturbanné, la ride abondante, l’oisiveté clinquante cherche oratoire, capture l’oreille d’un jeunot au torse nu ; Et nous voilà partis pour une déblatération de comptoir ; Mon tympan écume les nouvelles de blancs s’apitoyant sur la conjoncture métropolitaine, la flambée de l’immobilier, le montant insensé des taxes sur le vieux continent, l’impossibilité de se dégotter un emploi, converse la bouche suçotant au goulot,, les orteils dans le sable, les yeux rivés sur les flots ; 68  et ses regrets ; Suis-je amusée ou agacée, me réveillant d’une sieste, une poule sur ma tête ?

L’ex soixanthuitard narre ses virons anciens dans l’Inde rurale à motocyclette, remuant du souvenir et de « l’authenticité ». Les fraises ne sont pas encore sucrées. Une poule fait des allers retours sur la margelle de ciment au-dessus de ma tête.

Une grand-mère baille aux corneilles, tapotant le popotin de sa petite-fille toute juste émergée de lq sieste. Les vaches curieuses lorgnant vers les tables se font refouler d’un cri de psiit vers le sable ;

L’homme au turban dégouline sous son turban : la conjoncture est tellement difficile. Il est temps d’aller se mettre à l’eau. Quoi faire de mieux sous ces auspices si peu sarisés, épicés, que faire sous ces babas auspices colons. ?

Ca gratte de la guitare, enfile des perles à vendre ou l’art de piquer pitance aux locaux sur la plage. Un moteur de bateau me tire de ma contemplation septique. Le soleil descend sur l’horizon ; Je fixe les cornes d’une rousse ovine plantée face à ma moue. Un corbeau se pose sur son dos.

Que fais-je encore à élucubrer sur l’univers qui ici m’échappe. Le Gokarna des flots sans doute bien étranger à celui qui s’agite de pèlerins aux 4 temples de la bourgade. Un monde, des mondes. Du bikini au long sari. Je perds mon latin, je perds mon indien.

Je voudrais retrouver les chemins même déserts, même hostiles de cet intérieur des terres, croisée le quotidien d’un peuple.